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Le rayon vert, Éric Rohmer (1986)


Comme je n'ai pas pu partir en France cet été, j'ai laissé la France se défiler devant moi dans mon écran à travers les films à thèmes estivaux d'Éric Rohmer qui demeuraient sur ma liste des films à voir depuis très longtemps.


Le Rayon vert est le cinquième film du cycle des « comédies et proverbes ». Il se déroule fin juillet / début aout en une sorte de chronique estivale et des pages datés à l'encre verte en marquent l'évolution tout en y conférant un sentiment intime. Pendant ce film d'un style quasi-documentaire, on accompagne Delphine qu'incarne la gracieuse Marie Rivière. On apprend dès le départ que la jeune secrétaire était censée partir en Grèce avec une amie. Quand celle-ci lui pose un lapin, Delphine se retrouve en dehors de sa zone de confort, à essayer d'organiser péniblement ses vacances de dernière minute.


J'ai regardé Le Rayon vert après avoir vu La collectionneuse du même réalisateur et je n'ai pas pu m'empêcher de les comparer. La collectionneuse met en scène les rapports compliqués entre Haydée, une jeune femme qui ose revendiquer sa liberté et des caractères masculins (un marchand d'art et un peintre) toujours dans un contexte estival. Pour avouer, je m'attendais donc à ce que Le Rayon vert cache une réalité cruelle (celle du sexisme par exemple) derrière une légèreté apparente à l'instar de La Collectionneuse. Pourtant, j'ai été suprise par une héroïne tout autre mais aussi intéressante.


J'ai également remarqué que les avis sur Google emploient souvent l'adjectif "mystérieux" lorsqu'ils décrivent Le Rayon vert. Pourtant tout le long du film, on peut apprécier chez Delphine une force de volonté admirable. Elle sait ce qu'elle veut dans la vie et surtout ce qu'elle ne veut pas. Ce n'est pas comme si elle se souciait de faire preuve d'adaptabilité. En tout cas, son besoin pour s'exprimer paraît plus pressant. Très vite, on apprend de la voix propre de notre héroïne, entre autres, les principes suivants:

  • L'été c'est avant tout du soleil, donc non aux destinations pluvieuses pour le moment

  • Delphine n'envisage pas de voyager seule

  • Elle a toujours du mal a encaisser sa dernière histoire d'amour

  • Elle se méfie des rencontres spontanées

  • Elle a des restrictions alimentaires....

Donc, la volonté se manifeste chez Delphine assez clairement, plutôt que mystérieusement. Toutefois, c'est ce titre qui intrigue. En effet, jusqu'à ce que l'on arrive à entendre la conversation d'un groupe de femmes sur le roman homonyme de Jules Verne (un récit d'amour qui se passe en Écosse paru en 1882), on ne voit pas forcément ce que cette couleur verte peut signifier pour Delphine. Je ne vais pas vous dévoiler cela maintenant. Si vous ne connaissez pas ce phénomène de rayon vert, le connaitre à travers ce film est une option poétique que je vous conseillerais. De plus, le film est disponible sur Amazon à 1.99 GBP la location en SD.


Une lecture intéressante sur ce film était l'article de Fiona Handyside dans Another Gaze. Ce texte sur la place de la femme dans le cinéma de Rohmer, oppose ce dernier à Truffaut, selon qui la place ultime que la femme devrait occuper dans le 7ème art est celle de muse. La logique de Truffaut a rendu plus compliqué pour les femmes d'accéder au métier de réalisatrice ou cinématographe dans un secteur où elles sont valorisées plus souvent en tant qu'actrices. Handyside aborde les enjeux du "regard"*, de la reconnaissance intellectuelle et la place qu'a accordée Rohmer à l'amitié entre femmes dans ses films que ce soit devant ou derrière la caméra.


Dites-nous, si c'était possible laquelle de ces deux héroines vous vous lierez d'amitié, Delphine ou Haydée?


*Pour en savoir davantage sur le concept du "female gaze", je souhaite vous renvoyer à l'article de ma collègue Mathilde Soubeyran sur The Portrait of a Lady on Fire de Céline Sciamma.

I was unable to go to France this summer, so I let France happen on my screen with the summer-themed films of Eric Rohmer. These have been on my list of films to see for such a long time!

The Green Ray is the fifth film in Rohmer's “Comedies and Proverbs” cycle. It takes place at the end of July / beginning of August. The film's format is a sort of summer chronicle and pages dated with green ink mark our character's evolution, while it also conveys an intimate feeling to the whole. During this almost-documentary film, the viewer accompanies Delphine, embodied by the graceful Marie Rivière. We learn from the start that this young secretary was supposed to go to Greece with a friend. When her friend happens to be flaky, Delphine finds herself outside her comfort zone, painstakingly trying to organize her last-minute holidays.


La Collectionneuse (1967)

I watched The Green Ray after seeing La Collectionneuse by the same director and couldn't help but compare them. La Collectionneuse depicts the complicated relationship between Haydée, a young woman who dares to live her freedoms without shame and male characters (an art dealer and a painter) in a summer context. As a result, to be honest, I first expected The Green Ray to be a light film that hides a cruel reality (sexism for example). However, it surprised me with an entirely different but equally complex female lead.


I also noticed that Google reviews often describe The Green Ray as "mysterious". Yet the film allows us to appreciate Delphine's admirably strong character. She knows what she wants in life, especially what she doesn't want. She also doesn't seem too bothered by coming across as annoying. At least, her urge to self-expression wins over her tendency to compromise.

Very quickly, we learn from her own voice as she discusses with people, mostly her girlfriends the following principles:

  • Summer is all about sun, so Delphine is not really into rainy destinations for the moment

  • She will not travel alone

  • She still struggles to come to terms with her breakup

  • She is rather reticent about the prospects of meeting new people and strangers

  • She has dietary restrictions...

So her preferences are quite clear, rather than mysterious. However, it is this title that is intriguing. Actually, until we get to hear the conversation of a group of women on the novel of the same name by Jules Verne (a love story which takes place in Scotland, published in 1882), we do not necessarily figure out what the green colour could mean for Delphine. I'm not going to spoil this for you just now. If you don't know about this phenomenon, instead of rushing to Google, I'd suggest watching this film. It will make discovery more poetic. The film is available to rent on Amazon for 1.99 GBP (SD).

An interesting read on this film was Fiona Handyside's article in Another Gaze on the place of women in the cinema of Rohmer. Handyside opposes Rohmer's cinema to Truffaut, who saw in women mere muses. Handyside explores how this logic made it more complicated for women to access behind-the-scenes professions in a sector where they are expected to become and valued as actresses more than anything else. Throughout this article, Handyside explores the issues of the female gaze, intellectual recognition. She also discusses how central and underrated female friendships were to Rohmer's film-making, whether this was in front or behind the camera.


So tell us, should you be friends with one of them, which woman would you pick, Haydée or Delphine?"


* To find out more about the concept of "female gaze", I would like to refer you to the article by my colleague Mathilde Soubeyran on The Portrait of a Lady on Fire by Céline Sciamma.


© Article par Faika Cansin Stewart

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