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Concours d'écriture - Aux Champs-Elysées

Aux Champs-Élysées

Inspired by the song "Les Champs-Elysées" by Joe Dassin



Moi, je m’appelle Léonard. L’année dernière j’ai réussi mon baccalauréat. J’ai reçu une mention très bien. C’était parmi les meilleurs moments d’une vie sinon plutôt tragique.


De ces rares moments de joie, distribués pêle-mêle dans ma vie — et qui sont, j’espère, distribués pêle-mêle dans la vie de l’autrui aussi, la voilà l’amertume que j’entretiens en moi — il y en a un qui me tient particulièrement à cœur. Il s’est déroulé il y a 11 ans à Paris, la grande ville qui vivifie le reste de notre Hexagone immense. Mon père qui était banquier et moi, pauvre flâneur naïf, nous baladions sur les Champs-Elysées, sur cette avenue qui m’était à l’époque si inconnue, qui semblait d’une longueur presque infinie.


Je me demande encore ; qu’ai-je vu ce jour-là ? De ce que je m’en rappelle, je ne sais plus si ça vient de la réalité ou si ce n’est qu’une illusion.


J’ai l’impression d’avoir vu les jeunes prendre l’apéro habituel, les musiciens des rues jouer de la guitare qu’ils aimaient évidemment bien, la lumière du soleil refléter parfaitement sur les vitrines des magasins qui ont rempli le boulevard follement bondé.


De ce souvenir il n’y a qu’une certitude. C’est une image que je peux me recréer à l’instant, avec aucune difficulté. C’est l’image de ma main dans celle de mon père. En ce moment même je vois encore la manière dont ses doigts se sont enveloppés autour des miens, la manière dont les muscles de sa main se sont crispés pour que la mienne ne pût en aucun cas se séparer de la sienne.


Il y a 7 ans mon père est mort. Plus jamais il ne serait possible de marcher avec lui de l’Étoile à la Concorde, d’écouter avec lui les chansons des oiseaux volant bien au-dessus de la tête, de l’avoir à mon côté.


Aujourd'hui les Champs-Elysées ne me sont plus si étrangers, ils sont en fait devenus de mes meilleurs amis ; en tout cas les seuls qui me parlent de mon père, les seuls qui comprennent. Depuis sa mort j’y suis retourné de nombreuses fois et je continue à m’y déplacer afin de retracer le chemin que nous nous sommes frayés ce jour-là, peu importe le temps qu’il fait ; au soleil, sous la pluie, à midi ou à minuit. Rien ne peut m’empêcher de revivre le moment où il y avait tout ce que je voulais aux Champs-Elysées.


Text written and read by Alex Beckett (University of St Andrews)





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