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Concours d'écriture (1st Prize tied) - Enez-EUSA

Enez-EUSA

Inspired by the song "Porz Goret" from the album EUSA by Yann Tiersen


Assis au piano tu commenças à jouer ; sans partition, caressant les touches avec habileté. Les accords si familiers d’EUSA m’emportèrent comme les vagues. Douces dans un premier temps, tandis que le bateau s’éloignait du port, elles devinrent si agitées quand on gagna le large que ce fut un soulagement de regagner enfin la terre ferme.


À l’arrivée au bourg de Lampaul je me présentai à l’auberge où j’étais la seule cliente en cette période hors saison. Je louai ensuite un vélo auprès d’un gentil monsieur timide et, munie d’une carte qui s’envola aussitôt, je partis à la découverte de l’ile en commençant par Porz Goret d’où je contemplai la baie qui s’étendait sous mes yeux.


Avec les cinq phares comme points de repère et n’étant jamais à plus de vingt minutes à vélo de mon prochain arrêt, c’était impossible de me perdre. Et pourtant, me retrouvant toute seule sur le sentier du littoral, je me croyais au bout du monde. À Penn Ar Roc’h je passai un bon moment à regarder les vagues se briser contre la côte découpée et les mots de ta carte postale envoyée de Bretagne me vinrent à l’esprit : c’était en effet « une véritable prouesse de la création de Dieu. »


Le magnifique et frappant paysage sauvage se mariait avec les charmantes maisons qui parsemaient l’île- blanches ou en pierre avec les volets et les portails peints en bleu et des rideaux de dentelle blanche dans les fenêtres. Au bord de la route se trouvaient de nombreux calvaires, et des moutons noirs paissaient dans les champs. Le temps était comme suspendu, le monde extérieur semblait lointain et la vie insulaire se passait à un rythme doux.


Je tombai sur une petite chapelle ou je me refugiai pendant une vingtaine de minutes jusqu’à ce que le bruit de la porte ne me surprît. Une dame âgée entra pour me prévenir qu’elle allait la fermer pour la nuit. Une légère brise s’était levée quand je sortis et le soir se rapprochait à grands pas donc je partis dans la direction de la pointe de Pern.


De cet endroit le plus occidental de l’île et par conséquent de toute la France métropolitaine, j’observai le soleil qui se glissait dans les flots de la mer Celtique. La journée presque achevée, je fis demi-tour mais je me retournai quand même une dernière fois. Contre un ciel rose et bleu poudré, le majestueux phare de Crea’ch, gardien de l’île, dominait l’horizon.


Ainsi se termina le morceau et nous nous retrouvâmes de nouveau dans la pièce, toi assis au piano. Quand tu m’offris son album pour mes vingt ans, je m’étais promise de partir sur les traces de notre cher Yann Tiersen à la poursuite de cette musique. Je revenais de mon pèlerinage musical envoûtée par la beauté insaisissable de l’île d’Ouessant ; Enez-Eusa dans la langue bretonne. « Pas de promesses, que des surprises », tu m’avais toujours dit. Mais si Dieu le veut, un jour on y retournera ensemble.



Text written and read by Natalia Dore (University of Edinburgh)

Postcards by Erin Spowart




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