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Concours d'écriture (1st Prize tied) - Un éloge à la musique, ma compagne de voyage

Un éloge à la musique, ma compagne de voyage

Inspired by the song "Salut d’amour", Op. 12 by Edward Elgar



Nous sommes seuls dans cet état onirique où nous participons à des chasses au trésor sur la Lune, où vous me faites avoir des fièvres qui découlent de telles folies. Nous sommes seuls, vos mélodies et mon deuil. La nostalgie, est-elle maladie ? Est-elle une beauté malléable ? Oh, si seulement nous avions habité le même monde ! Nous aurions pu découvrir de tels mystères ensemble.


Nous cultivons les cordes de nos instruments, et ces bourgeons et ces petites gouttes de rosée s’épanouissent en crescendos glorieux. Ils me pèsent, m’assourdissent. En volant bien au-dessus de cette clairière parsemée de poussière lunaire, les larmes des lucioles se déposent sur mes ailes et se nourrissent de mes histoires d’antan, de mon immortalité. Je suis subjuguée, ensorcelée, en slalomant le long des ruelles en cuivre dans le miroitement de la noirceur ; elle saigne de l’encre, elle respire la nostalgie, baignée dans le passage du temps. Vos peintures de poésie sont gravées sur mes mains, elles refont l’électricité de mes veines, une plante volubile composée de feuilles dorées qui m’enlacent, me tachent, me brûlent. Mes tatouages forgés en acier et en fer.


De belles amours faites de lierre se faufilent doucement à travers les volets ouverts de mon âme. Je rêve d’arrêter l’horloge, pour que nous puissions la révérer, l’adorer. Une seconde, un siècle, mes neuf vies : tous vécus lors de ce moment passager dans le florilège profond de l’univers.


Comme je voudrais rester ici ! Perdue dans cette encoignure infinie de nuages de saphir, où la nuit il grêle des vitraux sur ma page ! Comme je voudrais que nous fuyions les journées lugubres – jouons sur ces touches jaunâtres d’ivoire, et remplissons nos âmes d’un amour mélodieux qui déchire la voile entre nos mondes ! Je m’agenouille révérencieusement devant ces notes de musique, dans lesquelles je découvre ces champs chimériques de mes rêves, dans lesquelles j’effleure les cieux cosmiques où les océanes constellées pataugent, et même dans la profondeur de ces aventures perdues, vous restez toujours à mes côtés ; mon ombre, mon amant, mon miroir. Les fils entrelacés de nos voyages s’étalent au-delà de la mieux gardée des frontières, comme la glycine à la fin du printemps… regardons ! Comme elle dérape, s’échappe et fleurit avec une ardeur furieuse, mais somnole la nuit jusqu’à ce qu’elle renaisse et devienne elle-même l’aubade !


L’encre sèche. Les braises de cet incendie opalin s’évanouissent. Ces lignes noires, ces mélodies, sont les seuls vestiges de nos voyages. L’oubli sera le décès de notre immortalité, dont les malédictions de ce monde avide se nourriront. Je vous en prie : quand la mort m’attrape, me chérirez-vous toutes les longueurs de ces déserts en fleurs, en abreuvant ces terres de bénédictions musicales ?


A travers la fenêtre givrée, je regarde les étoiles bâiller et traîner leurs pieds pour aller se coucher ; dans leur sillage, le phénix de l’aurore s’envole aux tréfonds des cieux et éclate dans une fureur inégalée.

Une nouvelle composition s’achève, éperdument amoureuse.


Fin.




Text written and read by Tamzin Elliott (University of Edinburgh)

Triptych by James Elder





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