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Cinéma : Robert Guédiguian, Les neiges du Kilimandjaro, 2011


Personnellement, j’aime beaucoup Marseille et le cinéma de Robert Guédiguian. L’un n’allant pas sans l’autre, c’est toujours un bonheur de découvrir ces films et un quartier de la cité phocéenne par la même occasion.


Le cinéma de Guédiguian se concentre sur « les pauvres gens » comme il le dit lui-même, empruntant la formule à Victor Hugo. La fracture sociale est si nette dans nos sociétés actuelles, qu’elle abandonne tant et tant de laissés-pour-compte sur le bord du chemin. Seules, les valeurs de partage et d’entraide peuvent adoucir le quotidien de chacun.


Parmi les films de Guédiguian, tous très populaires et assez régulièrement programmés au Royaume-Uni, ma préférence va peut-être aux « Neiges du kilimandjaro ».


L’intrigue présente un couple uni et heureux : Michel (Jean-Pierre Darroussin) et sa femme Marie-Claire (Ariane Ascaride). Michel est ouvrier et leader syndical. Après avoir lutté contre les licenciements qui menaçaient son entreprise, il doit se résoudre à les accepter. Selon lui, la manière la plus juste d’opérer ces licenciements est de procéder à un tirage au sort. Il perd lui-même son emploi ; n’étant pas épargné par le hasard.


Malgré l’adversité, le couple poursuit sa vie familiale, simple et comblée par la présence des enfants et petits-enfants. C’est d’ailleurs leur anniversaire de mariage, au cours d’une fête mémorable, ils reçoivent en cadeau des billets d’avion pour la Tanzanie, pour enfin voir les neiges du Kilimandjaro.


Survient l’inattendu sous la forme d’un cambriolage d’une grande violence. Michel apprend rapidement que l’un des malfaiteurs ne lui est pas inconnu. C’est une véritable mise à l’épreuve pour le couple. Auront-ils le courage d’appliquer leurs valeurs humanistes à l’égard de ceux qui les ont agressés. Et leurs enfants, sont-ils prêts à accepter le pardon ? Telle est la réflexion au centre du film. La différence des générations est très palpable, les plus jeunes auraient-ils davantage intégré l’individualisme propre à la société actuelle ?


Une très belle histoire, pleine d’espoir sur la nature humaine ; ce qui est de moins en moins le cas dans le cinéma de Guédiguian. Son dernier film Gloria Mundi, sorti en novembre dernier, étant en effet très sombre. Comme toujours, Jean-Pierre Darroussin et Ariane Ascaride épousent pleinement le propos du réalisateur. Ils ont tellement tourné ensemble que l’alchimie se fait d’elle-même. Autre alchimie merveilleuse, Marseille, où Guédiguian a tourné presque tous ses films. Dans Les neiges du Kilimandjaro, le réalisateur retrouve son quartier mythique de l’Estaque : un ancien port de pêche, gagné par l’industrialisation au XIXème siècle et qui a conservé toute son authenticité de quartier populaire de bord de mer. Guédiguian et Ariane Ascaride, tous deux originaires de Marseille, sont pénétrés du cinéma de leurs jeunes années et de la place qu’il occupait dans la vie des gens. J’aime beaucoup cette simple et belle anecdote d’Ariane Ascaride à ce sujet : «Petite, j’allais tous les mercredis soir au cinéma de quartier avec ma famille : il y avait des familles en pyjama et dès la fin du film, elles remontaient se coucher…Je trouve cela formidable, je rêve d’aller au cinéma en pyjama. C’était une pratique du cinéma très ancrée dans le quotidien. »


Enfin, le film est bercé par la chanson de Pascal Danel, si populaire dans les années 60 : Les neiges du Kilimandjaro ; qui donne un aspect très nostalgique au film, l’idée d’une époque révolue trouvant son prolongement dans nos inquiétudes et petits bonheurs quotidiens.


« Il n'ira pas beaucoup plus loin

La nuit viendra bientôt

Il voit là-bas dans le lointain

Les neiges du Kilimandjaro

Elles te feront un blanc manteau

Où tu pourras dormir

Elles te feront un blanc manteau

Où tu pourras dormir, dormir, dormir… »

I personally love both Marseille and Robert Guédiguians films. As one cannot exist without the other, it is always a pleasure to discover a new film and a new part of the city at the same time.


Guédiguian usually focuses on themes such as social division, and reinforces the idea that caring for others in our communities is key to improving our own daily lives. Of all of Guédiguians films, which have all known a significant amount of success in the United Kingdom, my favourite is perhaps “Les neiges du Kilimandjaro”.


We are presented with a strong, happy couple; Michel (played by Jean-Pierre Darroussin) and his wife Marie-Claire (Ariane Ascaride). Michel is a factory worker and a trade unionist who reluctantly decides to accept the necessity of redundancies in the company. He believes that the fairest way to determine who will lose their job at the factory is to select names at random. Michels name is drawn, and he becomes unemployed. Despite this, Michel and Marie-Claire go on with their lives, surrounded by family.


During a memorable party thrown in honour of their wedding anniversary, the couple is gifted two plane tickets to Tanzania, so that they can finally discover Mount Kilimanjaro. However, Michel and Marie-Claire's peaceful life is suddenly uprooted that night after they are violently attacked in their home. The situation goes from bad to worse as Michel quickly realises that one of their attackers is not unknown to him.


This presents an unprecedented series of obstacles for the couple, as they struggle to apply their humanist values and forgiving natures to their assailants, leading them to question who they really are.


“Les neiges du Kilimandjaro” is a beautiful experience filled with hope and human nature, accompanied by Pascal Danels song of the same name, which was extremely popular upon its release in the 1960s, bringing a deep nostalgic atmosphere to the film.


© Article par Catherine Guiat

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