top of page

Cinéma : Otar Iosseliani, Jardins en automne (2006)


Etant à la recherche d’une comédie burlesque, c’est avec grand plaisir que j’ai revu Jardins en Automne d’Otar Iosseliani, réalisateur d’origine géorgienne, installé en France depuis les années 80 et pas assez connu à mon goût.


C’est l’histoire de Vincent, ministre très parisien (de l’agriculture ?) qui profite d’une vie dorée dans les arcanes du pouvoir. Malheureusement, Monsieur le ministre devient impopulaire et doit démissionner sous la pression de manifestations de rue. S’ensuit la traversée du désert habituelle dans ces circonstances. Mais très rapidement, Vincent profite du temps libre dont il dispose dorénavant pour déambuler dans Paris, ses rues, ses bistros, ses parcs et renouer avec des connaissances de jeunesse.


Le film adopte ce principe premier : puisque nous sommes tous mortels, autant profiter de la vie et de ses petits plaisirs quotidiens, on ne sait pas de quoi demain sera fait. C’est en effet l’itinéraire de Vincent qui retrouve la joie de vivre parmi les siens sur les lieux de son enfance. La recherche du bonheur n’est cependant pas aisée puisqu’il faut attendre l’automne pour parvenir pleinement à cette philosophie ; l’automne, le temps des regrets devant les années perdues.


Il est amusant de penser que le point de départ du film est une scène très cocasse vécue par Iosseliani lui-même : il était au ministère de la culture au moment de la passation de pouvoir entre Jack Lang et François Léotard en 1986.



D’où cette scène centrale très réussie du ministre devant vider son bureau pour laisser la place à son successeur, dans un nuage de papiers et documents éparpillés.


Le film regorge d’allusions à la culture française dans cette traversée de Paris à pieds, à bicyclette…Le réalisateur ne boude pas non plus son plaisir à travers une petite pointe sur la Françafrique. Néanmoins, Iosseliani recherche l’universel dans cette fable somme toute intemporelle. Pour cela, pas d’acteurs connus qui pourraient entrainer des idées préconçues de la part du spectateur : Vincent est interprété par un ami du réalisateur, Séverin Blanchet. Seule dérogation à la règle, les apparitions loufoques de Michel Piccoli, jouant le rôle d’une vieille dame à chignon… ce qui en fin de compte revient à détourner la personnalité d’un grand acteur…d’où quelques scènes hilarantes à ne pas manquer.


Tout aussi désopilant, la présence des animaux qui reflètent les ambitions des personnages : Vincent, l’ami des vaches doit faire place à son successeur et à son guépard, le symbole de la cour des princes. C’est aussi l’oiseau de vérité qui passe d’un personnage à l’autre comme une transmission d’héritage. La valse animalière illustre merveilleusement cette fable, en lien à la circulation des objets, témoignages d’une vie. Une ronde incessante où chacun cherche finalement à s’approprier ce qui ne lui appartient pas.


La mise en scène très soignée est soutenue par de longs plans séquences, tournés en un élan pour favoriser l’idée de vagabondage dans un Paris non pittoresque. Surtout, Iosseliani ne fait pas dans le film bavard, on doit comprendre à partir de ce qu’on voit dans ce qui s’apparente à « un film muet parlant ». Bel hommage à JacquesTati.


En bref, une ode à la liberté, une critique de la vanité du pouvoir, à découvrir ou redécouvrir pour le plus grand bonheur de tous.



It was with great joy that I re-watched Jardins en Automne by Otar Iosseliani, who, in my opinion, is a criminally underrated director.


The film tells the story of Vincent, a Parisian Minister of Agriculture taking full advantage of his privileged life in power. Unfortunately, his popularity unexpectedly plummets and he is forced to resign under the pressure of public protests. He decides to use this free time to explore the various streets, bars and parks of Paris, and to reconnect with past acquaintances.


The film aims to remind us to take time to enjoy small pleasures in life, as we can never know what tomorrow will bring. This principle is in fact what Vincent begins to live by in his search for his Joie de vivre, which proves to be rather difficult as he must wait for autumn to arrive to fully adopt this philosophy; for autumn represents a time of regret towards wasted years and opportunities.


The movie is filled to the brim with references to French culture throughout this traversée of Paris by foot or bike. Nevertheless, Iosseliani wished to conserve the movies timeless quality, and did so by starring unknown actors and actresses. Vincent, for example, is played by the director’s friend Séverin Blanchet. The only exception to this was Michel Piccoli’s role as an old woman, the novelty of which leads to many hilarious scenes.


The meticulous Mise en scène features very long shots, filmed in one go to emphasize the concept of wandering through Paris’ less picturesque streets. There is also very little dialogue, the audience must use the surroundings to interpret the story, alluding to the style of silent “talking” films, a clever homage to Jacques Tati.


© Article par Catherine Guiat

33 vues0 commentaire
bottom of page