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Traverser la frontière suisse pendant l'Occupation




Aujourd'hui vendredi 8 mai, nous commémorons les 75 ans de la capitulation allemande de 1945 et de la fin de la seconde guerre mondiale en Europe. Ce conflit sanglant aura duré presque six ans, faisant plus de soixante millions de victimes civiles comme militaires dans le monde. Afin de ne jamais oublier, nous nous devons de rendre hommage chaque année. Les couleurs françaises et européennes sont fièrement arborées sur les murs de notre bâtiment d'Édimbourg.


Ces dernières semaines j'ai eu l'occasion de vous présenter certaines régions frontalières françaises, et en ce jour si particulier je tenais à vous montrer à quel point la frontière franco-suisse, d'où je suis originaire, a joué un rôle crucial pendant l'occupation nazie.


La frontière franco-suisse est en majorité matérialisée par les montagnes du Jura : d'un côté la Franche-Comté, française depuis le XVIIème siècle, de l'autre la Suisse, dont le principe de neutralité est primordial depuis 1815. Pendant l'occupation nazie, traverser la frontière pour entrer en Suisse signifiait donc pour beaucoup la liberté. En Franche-Comté, de nombreux passeurs s'organisaient pour pouvoir faire passer des enfants juifs ou des résistants en fuite de l'autre côté de la frontière, en passant par des forêts épaisses ou des gorges sinueuses. Les résistants, organisés dans de nombreux maquis, pouvaient aussi jouer un rôle important dans cette tâche. Je vous conseille le film Monsieur Batignole : dans ce film très prenant et émouvant, le personnage principal emmène un enfant juif de Paris à Morteau, aux confins de la France afin de le faire passer en Suisse.


Plus au sud, sur les rives du Lac Léman, le village de Saint-Gingolph est coupé en deux entre France et Suisse depuis des siècles. Difficile alors d'imaginer une partie libre et l'autre occupée. Pourtant, en 1944, en représailles d'une attaque de résistants, les nazis mettent le feu à la partie française du village et fusillent plusieurs Français. Allant à l'encontre du principe de neutralité, certains Suisses viennent à la rescousse de leurs voisins et font passer plus de 200 Français de l'autre côté de la frontière.


La frontière franco-suisse a souvent fait l'objet de beaucoup de convoitises. Déjà aux débuts de l'ère industrielle, de nombreux contrebandiers essayaient de franchir les dangereuses gorges du Doubs pour échapper aux droits de douane et ainsi vendre le produit de part et d'autre de la frontière. Les échelles de la Mort, un site impressionnant aujourd'hui magnifique site de via ferrata non loin du Saut du Doubs, une cascade de 27 mètres, montre à quel point la traversée pouvait être périlleuse et parfois mortelle.


Comme nous l'avons vu aujourd'hui, la frontière n'est pas toujours la simple ligne sur une carte que nous aimons à traverser facilement. Elle peut parfois faire la différence entre vie et mort, entre danger et liberté. S'il est bien un jour pour s'en souvenir, ce ne peut être qu'aujourd'hui.


Today (8th May 2020) marks the 75th anniversary of the end of WWII in Europe, after almost six long years of conflict that saw over 60 million deaths around the globe. Like every year, we are observing some time to remember the heroes and victims of the conflict. The French and European flags can be seen on our Edinburgh building to mark this event.


For the past few weeks I've been giving you brief introductions about France's border regions. I thought it would be relevant today to present the French-Swiss border, where I grew up. The border played a key role during the Nazi occupation of France. The border lay mostly in the Jura mountains: on one side, Switzerland, a neutral nation-state, and on the other the French region of Franche-Comté. Crossing the border therefore meant freedom for many, including Jews and other groups trying to escape persecution. "Passeurs" (smugglers) helped them cross the mountains to reach Switzerland. I recommend a very moving film, Monsieur Batignole, in which the main character takes a Jewish boy to Morteau, near the Swiss border.


Further south, on the banks of Lake Geneva, the village of Saint Gingolph has been divided into two parts (one French, one Swiss) for centuries. In 1944, after an attack by the Resistance, the Nazis decided to burn down the French part of the village as retaliation. Although this didn't comply with the rules of neutrality, many Swiss rescued 200 of their French neighbours by helping them cross the border.


In the early days of the industrial revolution, the dangerous gorges of the river Doubs were used by smugglers to transport their counterfeit goods across the border. Many died in the process, as the valley is very high and narrow. I recommend you visit the so-called échelles de la mort (ladders of death) and the Saut du Doubs (a 27m high waterfall). Today they are fantastic tourist sights, but back then they could truly show that the border used to be more than a line on a map. Borders could sometimes mean the difference between life and death, between freedom and danger. Let us not forget that today as we commemorate one of the most tragic chapters of our history.


Sources et crédits :

Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon


© Article par Dr Jordan Girardin

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