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Quand la BD s’invite au cinéma…

La livraison du jour : Trois Bandes dessinées qui se proposent d’approcher des monstres sacrés du cinéma français.

What’s on for today : Three comics based on three giants of French cinema.

© Mathieu Sapin, Gérard, cinq années dans les pattes de Depardieu (Dargaud, 2018)


Citons tout d’abord Gérard, cinq années dans les pattes de Depardieu de Mathieu Sapin. Mathieu Sapin est bien connu des amateurs de BD pour ses œuvres pour la jeunesse, en particulier la série des Akissi et sa contribution au mensuel J’aime lire. Il s’est illustré dans le reportage BD en relatant la vie quotidienne à l’Elysée (Le château, 2015) ou en suivant la campagne du candidat Hollande en 2012 (Campagne Présidentielle, 2017)


Dans son dernier volume, Mathieu Sapin nous fait le récit de son voyage en Azerbaidjan aux côtés de Gérard Depardieu en 2012. Il devait en effet l’accompagner pour filmer un reportage pour Arte sur les traces d’Alexandre Dumas dans cette région. Avec beaucoup d’humour, Mathieu Sapin raconte sa rencontre finalement fortuite avec Depardieu. Comment il fut d’abord intimidé (avec Depardieu « ça passe ou ça casse ») puis accepté : Depardieu l’invite au restaurant, à la piscine de l’hôtel…et lui donne toute latitude pour mener son travail à bien. C’est donc un portrait de ce monstre sacré du cinéma qui nous est livré ici : un personnage extrême, truculent, entre fascination pour Poutine et la gastronomie (pour Mathieu Sapin c’est un difficile « marathon de la bouffe »). Un Depardieu d’une grande gentillesse parfois, cruel d’autres fois. Mais surtout un personnage émouvant, qui s’attarde longuement sur la mort, qui trouve difficile de parler de ses films, qui n’accepte pas son image (« Putain, même en BD je peux plus me voir »). Mathieu Sapin signe ici un très bel essai de biographie.


Let’s begin with Gérard, cinq années dans les pattes de Depardieu (Gérard, five years hanging around Depardieu) from Mathieu Sapin. Mathieu Sapin is well known for his children comic books such as the Akissi series or his monthly contribution to J’aime Lire. He is also famous for his coverage of the daily lifestyle at the Elysée (Le château, 2015) or even for following François Hollande’s presidential campaign (Campagne Présidentielle, 2017) through his comics.


In this comic, Mathieu Sapin recounts his travel alongside Gérard Depardieu in Azerbaidjan in 2012. He was there to assist in filming a documentary for Arte following the steps of Alexandre Dumas. He describes with humour his first encounter with Depardieu and how he was at first intimidated by the character but became finally accepted with invitations to restaurants, the hotel’s pool, etc. and by eventually receiving the blessing to create his comic book the way he wished to. Accordingly, this book offers a portrait of this sacred cinema character: someone extreme, truculent, fascinated by Poutine and by gastronomy (for Mathieu Sapin this will be a difficult “food marathon”). Depardieu, often very kind and at other times cruel, is, after all, described here as a moving person who dwells at length on death, who finds difficult talking about his own movies, and who does not accept his own image (“Fuck, even in comics I hate myself”). Mathieu Sapin offers here a beautiful biographical comic book.


© Arnaud Le Gouefflec et Stéphane Oiry, Lino Ventura et l’œil de verre (Glénat, 2019)


Autre monument du cinéma français, Lino Ventura, dont Arnaud Le Gouefflec et Stéphane Oiry ont dressé un portrait tout en délicatesse. Par le biais d’entretiens fictifs avec un journaliste, Lino Ventura se livre peu à peu. Il aborde son enfance en Italie puis son arrivée à Paris, ses exploits de catcheur avant de se lancer dans le cinéma bien malgré lui (« J’ai bien fait acteur. Et je peux vous dire que c’est vraiment le fruit du hasard »). Il est question d’amitiés fortes, en particulier avec José Giovanni mais aussi de brouilles : quand on pense qu’il n’adressait plus la parole à Jean-Pierre Melville lors du tournage de L’armée des ombres, chef d’œuvre du cinéma français ! Les auteurs évoquent aussi son intransigeance quant au choix des scénarios : il aurait pu jouer dans « La chèvre » aux côtés de Pierre Richard, à la place de Depardieu !


Ce portrait d’un homme pudique, très réservé est magnifiquement porté par les dessins de Stéphane Oiry . A l’aide d’un tracé précis et sombre, il s’attache à saisir le regard de Lino Ventura et d’une certaine manière, l’oppose à la caméra (« l’œil de verre »).


Another cinema monument, Lino Ventura. Arnaud le Gouefflec and Stéphane Oiry have portrayed Lino Ventura with delicatessen in their comic book written with fictional interviews between Lino Ventura and a journalist. Lino Ventura begins by describing his childhood in Italy, his arrival in Paris and his skills as a wrestler before recounting how he ended up in the cinema industry ("I was once an actor. And that was purely by chance"). The comic recalls strong friendships, in particular with José Giovanni, but also some troubles, such as the quarrel with Jean-Pierre Melville during the filming of Army of Shadows, a masterpiece of French cinema! The authors also evoke Lino Ventura’s intransigence in regards to scripts: he could have played in La Chèvre (The Goat) alongside Pierre Richard instead of Gérard Depardieu!


Stéphane Oiry’s drawings beautifully depict Lino Ventura’s modest and reserved personality. With a precise and dark trait, he captures Lino Ventura’s glaze and, in some way, opposes it to the camera.




© François Dimberton et Alexis Chabert, Louis de Funès, une vie de folie et de grandeur (Delcourt, 2014)


Dernier portrait , et sans doute plus classique dans sa forme : Louis de Funès. Pas à pas, François Dimberton retrace la biographie du comédien aux célèbres mimiques, de ses débuts difficiles au cinéma à la gloire tardive. Ici encore il est laissé une large place aux rencontres : avec Gérard Oury, dès 1949 puis son amitié avec Bourvil (qui n’avait pourtant pas débuté sous les meilleurs auspices)…pour aboutir à l’immense succès de La grande vadrouille, pari risqué car le film avait coûté une fortune à l’époque ! Il est aussi question de relations plus distantes avec Jean Gabin, voire conflictuelles avec Edouard Molinaro (ce qui n’a pas empêché l’immense réussite d’Hibernatus).


C’est un vrai plaisir de redécouvrir de nombreuses citations de ces films cultes, qui nous ont tant fait rire et qui n’ont pas pris une ride ! Enfin, le dessin tout en délicatesse d’ Alexis Chabert insiste aussi sur un autre aspect du personnage : un homme qui pouvait être très discret et d’une grande douceur.


Last comic book, without doubt, the most classical in its form: Louis de Funès. François Dimberton retraces the biography of the comedian from his struggling first steps in the film industry to his late glory. Here again, the author decided to give importance to Louis de Funès encounters with Gérard Oury, with Bourvil (even though their friendship did not start well at first) and many others... up to his immense success with La Grande Vadrouille, a risky bet at the time considering how much money was involved in the production of the movie! The comic also narrates more distant relationships like the one with Jean Gabin or even conflictual ones with Edouard Molinaro (which eventually did not prevent the success of Hibernatus).


It is a real pleasure to rediscover some of the quotes from these famous movies, quotes that made us laugh and that are still accurate nowadays! Finally, the delicate drawings of Alexis Chabert shed light on another aspect of Louis de Funès, his discreet and sweet side.


© Article Catherine Guiat. Traduction Solange Daufès

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