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Le gang des postiches, le grand banditisme à la française… en Bande dessinée


David B. et Hervé Tanquerelle, Les faux visages, Futuropolis, 2012


J’avais entendu parler de ce Gang des postiches mais j’avoue que cette aventure du grand banditisme à la française m’était peu familière. Le récit imaginaire réalisé par David B. et Hervé Tanquerelle ravive bien des souvenirs.


Revenons aux années 70. Le nombre d’agences bancaires augmente rapidement sur l’ensemble du territoire français. En revanche, les méthodes de surveillance sont encore balbutiantes. C’est pain béni pour le développement de cette nouvelle activité : le braquage de banque. Et les adeptes se font de plus en plus entreprenants : en 1973, on compte entre 5 et 7 braquages par jour à Paris et sa banlieue. Les vocations ne manquent pas.


Après des expériences individuelles dès les années 70, le Gang des postiches se constitue formellement en 1980. Son originalité : ses huit membres n’appartiennent pas au milieu, même si certains l’ont côtoyé à un moment ou à un autre. C’est ici une spécificité bien française du banditisme : pas de mafias organisées mais des individualités qui décident d’agir ensemble, souvent sans chef bien distinct. Leur mode d’action : se déguiser en clients de la banque, avec perruques barbes et moustaches pour entrer sans difficultés ; d’où le nom qui leur sera donné : le gang des postiches. En fait, l’idée viendrait d’une lecture de Marcel Schwob qui a beaucoup écrit sur le banditisme et en particulier sur les chevaliers brigands pendant la guerre de cent ans, appelés les « faux visages » : Pour perpétrer leurs forfaits sans être reconnus, ils portaient des masques peints.


Le premier casse a lieu en 1980. Galvanisés par le succès, ils se montrent de plus en plus audacieux. Parfois, ils commettent plusieurs braquages dans la même journée. Une efficacité sans pareille…qui alerte en haut lieu. Hélas, entre indics peu fiables et policiers ripoux, la tâche de la BRB (Brigade de répression du banditisme) s’avère complexe.


Côté braqueurs, décidément le crime ne paie pas. David B. imagine ses 8 lascars, dépensant leur magot sur une plage en Thailande…où ils s’ennuient : « Si le soleil était une lampe de bar et si les palmiers étaient des tabourets et des tables, je serais heureux. Je veux rentrer à Belleville et manger un steak avec des frites ! Et puis je veux braquer des banques, là, je m’emmerde ! ».


La saga se termine peu après par un casse raté mettant fin aux activités du gang. Ses membres divisés sont condamnés pour les uns, sombrent dans la folie ou le désespoir pour d’autres. C’est la fin d’une époque : à l’aube des années 90, les dispositifs de surveillance des banques sont nettement plus performants, beaucoup moins de valeurs sont conservées dans leurs coffres. Bref, le braquage ne fait plus recette.


NB : Pour compléter la lecture de la bande dessinée de David B. et Hervé Tanquerelle, on pourra consulter le petit volume, lui aussi en BD, de Jérôme Pierrat et David B., le grand banditisme, éditions du Lombard, 2018.



Although I had heard of the “Gang des Postiches”, I must admit that this great tale of banditism a la Française was quite unknown to me. The non-fiction comic strip created by Hervé Tanquerelle and David B. certainly bring back many memories.


In the 70s, the number of banking agencies across French territories increased drastically, however, surveillance methods were still somewhat primitive. These were the perfect conditions for the development of a new art; Bank robberies.


The “Gang des Postiches” was officially created in 1980. Although none of its 8 members were professional bandits, they had all had some involvement with this milieu at some point in their lives. The nature of this group is typical to French banditism; no large, organized mafias but rather, a group of individuals acting together, often without a particular leader. Their operations consisted of dressing up as customers, through the use of wigs and fake moustaches, to enter the bank seamlessly. Hence the name, “Le gang des Postiches” (“Postiche” meaning “Hairpiece”).


Their first coup took place in 1980. Galvanized by their previous successes, the gang became more daring. Sometimes, they even managed to rob several different banks on the same day. Their unprecedented efficiency and skill, combined with a lack of reliable evidence, threatened to make the BRB’s (Banditism Repression Brigade) task very difficult.


The saga ends abruptly after a robbery gone wrong, signifying the end of the Gang. Some were incarcerated, whilst others descended into insanity and despair. The surveillance cameras developed in the early 90s were much more advanced, greatly improving overall bank security, and marking the end of an era.


© Article par Catherine Guiat

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