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Joann Sfar, avec Adèle Van Reeth, Le complexe de Shéhérazade

Voici un essai sur l’écriture et la lecture on ne peut plus stimulant : Le complexe de Shéhérazade de Joann Sfar (éditions de L'observatoire, 2018). L’auteur, bien connu des amateurs de BD pour sa série Le chat du rabbin est aussi romancier, scénariste et cinéaste. En bref, tous les médias l’intéressent et il n’hésite pas à passer de l’un à l’autre au gré de sa production. Il avoue d’emblée n’avoir jamais l’angoisse de la page blanche : s’il a du mal à commencer un livre, il va chercher quelques mots dans un ouvrage qu’il a aimé et aussitôt, comme par enchantement, une histoire se déroule. Son impératif étant de mêler le texte au dessin, comme dans ses albums d’enfant qu’il aime tant exhumer.


C’est avec beaucoup de verve que Joann Sfar soutient ce plaidoyer pour la littérature populaire. Littérature populaire à la manière des feuilletonistes du XIXème siècle qui savaient tenir leur lecteur en haleine au fil des innombrables épisodes ; on pense à Alexandre Dumas bien sûr. Ce postulat est suivi de toutes les lectures qui ont compté pour lui : allant de Simenon à Frédéric Dard , en passant par la littérature anglo-saxonne (Stephen King, Lovecraft…), en remontant à Rabelais, en revenant à Romain Gary dont il a magnifiquement illustré La promesse de l’aube... Même Platon est convié à ce « banquet » littéraire exubérant. Lecteur boulimique, adepte de « pavés » ou séries interminables, il affirme avec force : «Je n’aime pas les taiseux » - on l’avait bien compris !- « Je n’aime pas les œuvres rares faites de deux ouvrages qui comportent 10 pages chacun. Ce qui me rend fou, c’est quand je rencontre un auteur dont je sais qu’il existe 200 ou 300 ouvrages. Là, je sais que je me suis trouvé un copain pour longtemps. » A bon entendeur..


L’important surtout, c’est que l’auteur se laisse mener par ses personnages, qu’il les accompagne de sa plume au fil de leurs déambulations. Pour Sfar, une œuvre réussie, c’est lorsqu’un personnage devient une référence connue de tous à l’image d’Astérix.


L’important enfin, c’est d’écrire pour un lecteur universel, car finalement, la tradition de raconter des histoires remonte à la nuit des temps, indépendamment des cultures et des religions. Le pouvoir de l’imagination sur la construction de l’individu est primordial. En ce sens, la création concerne chacun d’entre nous ; elle ne s’adresse pas seulement à une élite.

Une discussion à bâtons rompus, vivifiante, pour le plus grand bonheur du lecteur.



Le complexe de shéhérazade, an essay whose author Joann Sfar is well known amongst connoisseurs of graphic novels for his series Le chat du Rabbin, is also a novelist and film-maker. In short, he takes interest in all forms of media, and doesn’t hesitate to explore many of these in his work.


This essay explores his passion for “la littérature populaire”, in other words, literature in the style of 19th century authors, such as Alexandre Dumas, who kept their readers captivated with episodic novels. Sfar goes on to discuss authors who have particularly influenced him, from Simenon and Frederic Dard to Stephen King, and his admiration for Romain Gary, which lead to him illustrate La Promesse de l’aube. Finally, Sfar emphasizes his love for long stories, as he believes this allows the characters to direct their own story, almost independently from the author. For Sfar, a successful story is one whose characters become household names, in the style of Astérix or Tintin. Most importantly, the story must be universal, as telling stories has always been its own tradition, regardless of one’s culture or religion. In essence, the ability to imagine and create is within us all, not just the elite.


A vibrant and lively discussion, for the joy of readers.






© Article par Catherine Guiat

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