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Deux romans percutants pour une fin de confinement

Martine Pouchain, La Ballade de Sean Hopper, Sarbacane, 2010

Adeline Dieudonné, La vraie vie, l’Iconoclaste, 2018


Voici deux auteures qui ne font pas dans l’écriture mièvre.

La première, Martine Pouchain, nous propose La Ballade de Sean Hopper dans la collection de romans pour ados Exprim’ des éditions Sarbacane. Un roman jeunesse donc, mais qui sera tout autant apprécié par les adultes.


Le petit Bud vit avec sa Grand’ma indienne, ses parents ayant rejoint d’autres cieux. Il ne va pas à l’école ; pourquoi irait-il ? La vieille femme n’a plus ce genre de préoccupations : « Elle discutait avec les Esprits et ça lui laissait pas beaucoup de temps pour les humains ». Alors, il observe le monde qui l’entoure du haut de son châtaignier en compagnie de son corbeau Rê, nouvellement apprivoisé. Haut perché, il ne manque pas une miette du spectacle qui se déroule chez ses voisins : là vit Sean Hopper, le tueur des abattoirs, géant fermé et violent qui semble prendre plaisir à son activité et sa compagne Bonnie qui tente d’amadouer cet homme qu’elle aime mais qu’elle peine à comprendre. Après une altercation plus vive que d’habitude, Bonnie s’enfuit. Sean, effondré, ne peut la faire revenir tant il est incapable d’exprimer ses drames intimes avec des mots. Alors, une folie destructrice s’empare de lui. Il use et abuse du coup poing, part pour de terribles embardées en voiture, poussant sa pauvre Thunderbird dans ses derniers retranchements... Pas sûr que ce soit la méthode adéquate. Une histoire où se cache une grande douceur sous la violence de façade. Un style rapide qui adopte pleinement l’état d’esprit du jeune Bud, le narrateur de cette aventure si humaine, qui tente de démêler l’enchaînement des évènements, l’écheveau des sentiments humains.


The first, Martine Pouchain, presents 'La Ballade de Sean Hopper' as part of a collection of teen fiction published by Sarbacane. Despite having a younger target audience, this novel is just as appealing to adult readers.


Bud lives with his grandmother; he doesn’t go to school, and why should he? His grandma doesn’t have time to preoccupy herself with Bud’s activities, as she finds the spirit world much more fascinating. With nothing to do and no one to talk to, Bud decides to discover the world that surrounds him from the top of a chestnut tree, accompanied by his crow, Rê. From up there, the duo observes their mysterious neighbour, Mr Sean Hopper; a violent and reclusive giant who seems to revel in his job at the local abattoir, and his companion Bonnie’s desperate attempts at soothing this unstable man whom she loves but struggles to comprehend.


A story which harbours much sweetness behind its brutal façade. The fast-paced storytelling mirrors Bud’s youthful state of mind as the narrator of this emotional tale.



Quant à Adeline Dieudonné, son roman La vraie vie est d’emblée présenté par l’éditeur comme « un roman coup de poing » ; on ne saurait mieux dire.


La jeune narratrice vit dans un lotissement pavillonnaire avec ses parents et son petit frère Gilles. Le père maintient la famille dans la terreur, fixé devant la télé ou se ressourçant dans sa salle des trophées : là sont rassemblés les animaux empaillés qu’il a abattus au cours de parties de chasse mémorables. La mère, ayant abdiqué toute volonté, « elle devait ressembler à une forme de vie primitive, unicellulaire, vaguement translucide. Une amibe », est incapable de protéger ses enfants des sautes d’humeur de leur père. Dans cet environnement sombre, les deux enfants se soutiennent l’un l’autre. Un jour, un accident terrible fait basculer Gilles : le petit garçon souriant se renferme sur lui-même. Pire, il devient inquiétant : « Le vide de ses yeux s’était peu à peu rempli d’un truc incandescent, pointu et tranchant ». Sa sœur n’a plus qu’une idée en tête, l’arracher à ses démons, lui faire retrouver « la vraie vie ».

Un livre dur qui, ici encore, interroge les relations humaines et le poids des non-dits. Tout comme Martine Pouchain, l’écriture d’Adeline Dieudonné est très dense, rapide, parsemée d’humour pour traduire une vision du monde sans concession.


Adeline Dieudonné’s 'La vraie vie' tells the story of a young girl who lives in a suburban subdivision with her parents and her little brother Gilles. Her father terrorizes them relentlessly and spends his days watching television or admiring the hunting trophies he has amassed over many years. Her mother, who has completely given up hope, is incapable of protecting her children from her husband’s terrible fits of anger. One day, a horrible accident causes Gilles to enter a state of shock, in fact, a dark and malicious “thing” begins to emerge in the eyes of the once cheerful child. His desperate sister is determined to save her brother from the sombre thoughts that haunt him and help him rediscover the beauty of life.


A painfully harsh novel which, again, focuses on human relationships and communication. Similarly to Martine Pouchain, Adeline Dieudonné’s writing is unrelenting and fast-paced, but somewhat humorous in order to convey the reality of an uncompromising world.



You will find below a full interview with the author Adeline Dieudonné on our Culturethèque




© Article par Catherine Guiat

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