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Chronique Littéraire : à l’occasion de la Journée Internationale des droits des femmes du 8 mars


À propos de George Sand à Nohant. Une maison d’artiste de Michelle Perrot, éd. Points Seuil, coll. La Librairie du XXI° siècle, 419 pages, Paris, 2020 (1ère publication, éd. Seuil, 2018).


About George Sand à Nohant. Une maison d'artiste by Michelle Perrot, published by Points Seuil, in La Librairie du XXI° siècle, 419 pages, Paris, 2020 (1st publication, éd. Seuil, 2018).



Écrire pour Nohant



« Il faut se préserver de l’erreur de la secte ou de l’orgueil individuel,

l’erreur de la caste et de l’intérêt personnel ».

Première lettre au peuple, Revue La Cause du Peuple, n° 1 du 9 avril 1948.


"We must beware of sectarian error or individual pride,

the error of caste and self-interest ".

Première lettre au peuple, Revue La Cause du Peuple, n° 1 du 9 avril 1948.



Paru il y a quelques mois, le format de poche du livre George Sand à Nohant* offre l’occasion de revenir sur le remarquable portrait d’une intellectuelle dans la France du début du XIXème siècle. Historienne des mouvements ouvriers et de la place des femmes au siècle passé, Michelle Perrot retrace avec justesse l’esprit de George Sand qui faisant profession de sa plume déjoue les conventions du temps et rend compte d’une conscience politique par l’écrit. Dans les années 1832 à 1876, on suivra -au féminin- une vie d’engagements dans un lieu, Nohant qui s’imposera comme A Room of One’s Own.


Choisir comme angle de vue, un lieu, la propriété de Nohant pour faire valoir l’esprit de Sand, n’a finalement rien d’anodin. Cette propriété familiale est avant tout, une transmission de femme à femme. George Sand est élevée dans cette demeure et la maintiendra debout coûte que coûte. Acquise par sa grand-mère Marie-Aurore de Saxe, épouse Dupin de Francueil –qui fuyant Paris durant la Terreur s’y installe définitivement en 1793– ce bien est transmis en héritage en 1821 à la jeune Aurore Dupin.

Aurore Dupin -qui écrira sous le nom de plume masculin de George Sand- reste profondément attachée à ce terroir, très attentive à la vie des gens qui le font vivre. Tant dans ses romans (notamment le succès de librairie immédiat -entre autres- de La Mare au diable, La petite Fadette) que dans ses articles de presse, le gens de campagne comptent et tiennent une place dans le monde de Sand. Romans, feuilletons, articles mettent constamment en scène la question sociale majeure : le pouvoir de domination des uns a pour répercussion l’injustice pour les autres. Dans l’affaire Fanchette de 1843, Sand prend fait et cause pour une jeune fille exclue par la supérieure de l’hospice de la Châtre dans les environs de Nohant, fille bannie hors de cette institution religieuse, elle sera abusée par des vagabonds. Dans La Lettre de Blaise Bonnin (sous pseudonyme, ledit Blaise Bonnin est présenté comme paysan journalier du Berry) -ce qui lui vaut une apparition remarquée dans la presse- Sand vise précisément l’outrage et l’injustice subi par les démunis.


Ce domaine de Nohant où elle doit s’assurer du rendement de quatre fermes reste un privilège. Sand le sait. Elle est d’ailleurs tiraillée par des aspirations égalitaires -elle cautionnera le régime de l’association pour les gens de campagne- et par la maintenance de cette propriété de deux cent hectares « J’ai la haine de la propriété territoriale, écrit-elle en 1858 à son ami républicain Ernest Périgois […] Le champ, la plaine, les bruyères tout ce qui est plat m’assomme, surtout quand ce plat m’appartient, quand je me dis que c’est à moi, que je suis forcée de l’avoir, de le garder, de le faire entourer d’épines, et d’en faire sortir le troupeau du pauvre, sous peine d’être pauvre à mon tour ».

Nohant est un lieu de travail. Prolifique, Sand publie régulièrement, en marge de ses romans, des feuilletons et des articles pour revues et journaux, ce qui lui assure l’essentiel de son revenu. Dans sa correspondance, l’écrivaine ne passe pas outre ces préoccupations financières pour maintenir un train de vie à Nohant. « Il me faut tirer de mon cerveau 2o ooo f par an. C’est bien dur », assure-t-elle à un ami. (Corr. V, L, 2083 à Hippolyte Chatiron, 1er juillet 1840). Dès 1832, Sand signe un accord avec François Buloz, directeur de la revue mensuelle littéraire du temps -la Revue des deux Mondes- pour une collaboration régulière. La même année, sort en librairie son premier roman, Indiana publié sous pseudonyme masculin où l’on retiendra la pertinence de l’apostrophe dans la préface : « Mais quoi celle [la cause] que je défendais était-elle si petite ? C’est celle de la moitié du genre humain tout entier ; car le malheur de femme entraîne celui de l’homme, comme celui de l’esclave entraîne celui du maître ».


Nohant est aussi une halte pour les amis écrivains, avocats, rédacteurs de journaux, républicains de l’époque. Sand y forme une communauté d’amis et d’artistes qui partagent leurs soirées – de la musique avec les séjours de Frantz Listz et Marie d’Agoult - qui, comme sa consœur écrit sous le nom de plume masculin de Daniel Stern (notamment une Histoire de la révolution de 1848). Soucieuse de la créativité de ses hôtes, Sand commandera un piano Érard pour Listz, sur lequel jouera plus tard le non moins talentueux Frédéric Chopin. Les soirées de Nohant sont consacrées aux débats, aux lectures avec l’ami constant de la famille, Gustave Flaubert qui lira bien souvent des extraits de ses romans encore sous presse - et surtout, pour Sand, l’écriture dans sa chambre qui devenait tard dans la nuit, son précieux cabinet de travail en dépit des fraternelles moqueries de Flaubert qui lui assurait que cette pièce était trop étroite avec des brins d’herbe et un oiseau pour tout ornement. Sand, soustraite au jour, usant de café noir et de tabac, écrit.


Nohant est un refuge pour les esprit libres, désireux de se démarquer du conservatisme ambiant. Sand et ses amis républicains élaborent une réflexion politique sur une forme de société plus juste donc plus sociale. Se crée un lieu de sociabilité d’où elle construit un réseau d’amitiés, de collaborations et d’influences en France comme à ses proches frontières. À la fin d’octobre 1847, on y croise Giuseppe Mazzini, écrivain, démocrate, artisan de l’unité italienne et comme de nombreux républicains et socialistes, entretiendra avec Sand une correspondance régulière et importante. Sand publie en 1857, La Daniella où elle blâme la Rome papale, obstacle à l’unité italienne. Partageant les mêmes convictions politiques et en statuant selon les mots de son ami républicain Victor Borie que «La loi est athée et que la société le deviendra».


À Nohant, Sand accueille les intellectuels exilés de Pologne, la sœur et le beau-frère de Chopin ainsi que le poète reconnu Adam Mickiewicz pour lequel elle monte à Paris fréquenter ses cours au Collège de France. Rencontre importante en 1835, avec le socialiste Pierre Leroux, éditeur, qui séjourne longuement à Nohant. Sand publie en 1841 le premier numéro de la Revue indépendante dont elle continuera une collaboration malgré une nouvelle direction de la revue. Convaincus de l’importance de la presse locale, ils fondent des journaux, comme Le Travailleur de l’Indre, L'Éclaireur de l’Indre dont la première réunion du comité de rédaction se tient à demeure, à Nohant. Sand publie divers articles dans l’Eclaireur, et quatre articles en 1844 dont « La politique et le socialisme ».


(source : Wikimedia Commons)



Inéligible et sans avoir le droit de vote, Sand est pourtant une voix qui s’élève. Sous l’impulsion des membres du gouvernement, elle rédige des circulaires pour le Bulletin de la République, ainsi que dans le journal La Réforme, fondé par le socialiste Louis Blanc, figure incontournable de 1848 et que Sand connaît bien. Faut-il rappeler ici que les politiques et la haute administration de l’époque se range -en majorité- au son du clairon de l’anti féministe et de l’anti socialisme et c’est sans effort qu’on caricature avec virulence George Sand dans la presse dès qu’elle se manifeste.

Peu lui chaut. Aux côtés du républicain Victor Borie, rédacteur en chef de l’Eclaireur de L’Indre, Sand fera paraître le premier numéro d’un journal, La Cause du Peuple, dont elle est la principale contributrice littéraire et financière. En 1848, ils se retrouvent à Nohant, Borrie y séjourne et publie un texte de conviction Travailleurs et propriétaires, avec une introduction de George Sand. La citation-manifeste de Voltaire imprimée sur le fascicule, « La trop grande inégalité des richesses est la conséquence non du Droit de Propriété mais, des mauvaises lois », confirme une unité de vues sur les changements politiques qu’ils mènent.


éd. Michel Lévy Frères, Paris, 1849.



En tant que femme, Sand ne fait pas partie des commissions officielles, mais elle fréquente et voit le monde politique masculin de cette époque. La politique réunit la bande des amis du Berry, même si la répression du Second Empire s’abat sur eux, divise et condamne à l’exil et à la prison. Prison à vie pour l’ami Armand Barbès, qui a tant compté dans l’éducation politique de Sand. Durant les procès de 1835, Barbès assurait avec le juriste Michel de Bourges -amant de Sand-, la défense des républicains inculpés. Une entente commune sur la certitude que la république se doit d’être progressive et sociale au sens qu’elle doit donner une place aux gens de peu, scellera une amitié fidèle attestée par une remarquable correspondance* durant les années d’emprisonnement de Barbès à Belle-île.


Nohant est aussi une maison d’artistes* où la vie privée et vie intellectuelle se mêlent. Ensemble avec son amie Pauline Viardot -cantatrice renommée- et accompagnée de Chopin, ils vont recueillir les chants des paysans du Berry. Et si Pauline fera quelques passages à la propriété, Chopin, lui, y restera plusieurs années pour y composer la majorité de ses ballades et sonates pour piano et violoncelle. Avec Chopin à Nohant, l’idéal sentimental de Sand se réalise. Vivre avec un virtuose et vivre de sa plume. On adaptera Nohant pour la musique, le piano Erard est déjà en place, il ne reste qu’à insonoriser une chambre-appartement par des portes capitonnées pour que Chopin puisse vivre c’est-à-dire, composer. Sand, interlocutrice parfaite (selon les mots Liszt) possède des facultés pour la musique et montre une fine compréhension de la personnalité de Chopin. Dans Histoire de ma vie, elle évoque -certes un amour- mais une profonde estime, voire une admiration pour ce compagnon si singulier.

Visites des amis et dîners s’enchaînent et -comme tous les ans- les librairies affichent des publications de Sand comme Un hiver à Majorque, trois nouvelles dans le recueil Le foyer de l’Opéra et son grand roman Consuelo, qui retrace la vie d’une cantatrice italienne qui perdra sa voix, dans la Venise du XVIIIème et l’Europe des arts.


Avec les mises en scène théâtrale que Chopin accompagnait au piano, le théâtre vient aussi à Nohant. Sand avait fait construire deux petits théâtres pour des représentations ludiques et de société avec pour public les voisins, les amis les gens de service et les gens de campagne pour lesquels Sand voulaient "écrire pour eux" et encourageait tout public à prendre la plume. Sand soutiendra avec ses contemporains écrivains engagés -Eugène Sue et Victor Hugo- les écrits poétiques des ouvriers-artisans. Elle préfacera Les Chants de l’Atelier du maçon provençal Charles Poncy et fera publier ses poésies dans La Revue des deux Mondes. Prolifique dans ce repli de Nohant, Sand rédigera près de cent romans, cinquante mille lettres, des centaines de pièces de théâtre et des essais et -en continu de 1856-1876- la rédaction d’une autobiographie de quatre volumes : Histoire de ma vie.


Nohant, continue d’être un havre pour les générations. Sand mène de front son mode de vie et ses engagements au domaine familial de Nohant et cela constamment aux côtés de ses enfants et de ses petites-filles, très présents dans son quotidien. De nombreux passages dans Histoire de ma vie relate le quotidien d’une mère de deux enfants. Le chapitre qui débute si bellement « Après le voyage à Majorque, je songeai à arranger ma vie de manière à résoudre le difficile problème de faire travailler Maurice » -souci toujours actuel- où Sand tente de faire les leçons à la maison, le chapitre "J’essaye le professorat et j’y échoue" (V° partie, chapitre XIII) illustre sans détour la situation laborieuse de l’éducation pour tout parent attentionné.

Avec la venue de Luigi Clamatta, arrivé de Rome à Paris pour travailler la peinture auprès d’Ingres, c’est immédiatement une compréhension réciproque et une longue amitié qui s’installe. Le fameux graveur réalisera plusieurs portraits des filles de Nohant : Aurore (George Sand) et Solange (sa fille). Un lien familial va se nouer avec Marcellina surnommée Lina –fille de Clamatta, libre penseuse et militante comme son père de l’indépendance italienne- qui séduira Sand par son esprit et son chant et qui s’installera à Nohant fonder une famille avec Maurice, le fils aîné de la maison.


Auteure qui peut vivre de sa plume et occuper une place dans l’espace public dans un siècle où un talent ne se pense pas au féminin, on retiendra l’image de George Sand - qui lorsqu’elle montait à Paris pour défendre ses publications et suivre les procès et les débats dans les assemblées parlementaires - elle s’y rendait "en républicaine" (disait-elle) et s’habillait "en homme". Elle portait alors sa lavallière soigneusement nouée, canne, bottes vernies et haut-de-forme, passant les portes des comités de rédaction en étant admise comme auteur et non comme femme écrivain. Depuis fort longtemps, Aurore Dupin s’était promis de ne pas devoir dépendre des hommes.

 

Notes de références :

* Michelle Perrot, George Sand à Nohant. Une maison d’artiste, Points Seuil, 2020.

* Cf. Sand et Barbès, Correspondance d’une amitié républicaine 1848- 1870, Préface et notes par Michelle Perrot, éd. Le Capucin, 1999.


 

Published a few months ago, the paperback format of the book George Sand à Nohant offers the opportunity to return to the remarkable portrait of an intellectual in France at the beginning of the 19th century. A historian of workers' movements and the place of women in the past century, Michelle Perrot accurately recounts the spirit of George Sand, who, by professionalising her pen, defied the conventions of the time and reflected a political conscience in her writing. From the years 1832 to 1876, we follow - in the feminine form - a life of commitments to a place, Nohant, which will establish itself as A Room of One's Own.


Choosing a location, Nohant’s estate, as her perspective to show off Sand's spirit is ultimately nothing trivial. This family property is above all a transmission from a woman to a woman. George Sand was brought up in this house and kept it standing no matter what. Acquired by her grandmother Marie-Aurore de Saxe (married name Dupin de Francueil) - who fled Paris during the Terror and settled there definitively in 1793 - this estate was passed on as an inheritance in 1821 to the young Aurore Dupin.

Aurore Dupin - who will write under the male pen name of George Sand - remained deeply attached to this terroir, very attentive to the lives of the people who supported it. Both in her novels (notably the immediate bookstore success, among others, of La Mare au diable, La petite Fadette) and her press articles, the country people counted and held a place in Sand's world. Novels, serial novels and articles constantly highlighted one major social question: the power of domination of some people and its unfair impacts on others. In the Fanchette affair of 1843, Sand took up the case of a young girl excluded by the superior of the hospice de la Châtre in the vicinity of Nohant. Banished from the religious institution, the girl had been abused by vagrants. In La Lettre de Blaise Bonnin (under a pseudonym, said Blaise Bonnin is presented as a daily peasant in Berry), which earned her a remarkable appearance in the press, Sand specifically targeted the outrage and injustice suffered by the poor.


This Nohant estate, where she has to ensure the yield of four farms, remained a privilege. Sand knew it. She was also torn between egalitarian aspirations - she supported the regime of the association for country people - and the maintenance of this property of two hundred hectares. "I hate territorial property", she writes in 1858 to her Republican friend Ernest Périgois […] “The field, the plains, the heather, everything that flat knocks me down, especially when it belongs to me when I tell myself that it is mine, that I am forced to have it, to keep it, to surround it with thorns and to bring out the poor man's flock, at risk of being poor in my turn ”.

Nohant was a place of work. Prolific, Sand regularly published, alongside her novels, some serial novels and articles for magazines and newspapers, which provided her with most of her income. In her correspondence, the writer did not ignore these financial concerns of maintaining a lifestyle in Nohant. "I have to get 20,000 francs a year from my brain. It’s very hard”, she told a friend. (Corr. V, L, 2083 to Hippolyte Chatiron, July 1, 1840). In 1832, Sand signed an agreement with François Buloz, director of the monthly literary review of the time - the Revue des deux Mondes - for regular collaboration. The same year, her first novel, Indiana, published under a male pseudonym, was released in bookstores. We will note the relevance of the apostrophe in its preface: "But was the one [the cause] I defended so small? It is the one of half of the whole human race; for a woman's misfortune involves that of a man, like that of the slave entails that of the master".


Nohant was also a stopover for fellow writers, lawyers, newspaper editors, and Republicans of the time. There, Sand formed a community of friends and artists who shared their evenings, sometimes with music when Frantz Liszt and Marie d'Agoult stayed over. The latter, like her colleague, wrote under the male pen name of Daniel Stern (notably a History of the revolution of 1848). Concerned about the creativity of her hosts, Sand ordered an Érard piano for Listz, on which the equally talented Frédéric Chopin later played. The evenings at Nohant were devoted to debates or readings - for instance with the constant friend of the family, Gustave Flaubert, who often read extracts from his novels still in the press - and above all, for Sand, the writing in her room, which, late in the night, became her precious study, despite the fraternal mockery of Flaubert who assured her that this room was too narrow and with, for sole ornament, blades of grass and a bird. Sand, withdrawn from the daylight and using black coffee and tobacco, wrote.


Nohant was a refuge for free spirits eager to distance themselves from the prevailing conservatism. Sand and her Republican friends developed a political reflection on a fairer and, therefore, more social form of society. A place of sociability was created, from where she built a network of friendships, collaborations and influences in France and at its close borders. In Nohant, at the end of October 1847, one could encounter Giuseppe Mazzini. Writer, democrat, an architect of Italian unity and who, like many Republicans and Socialists, maintained a regular and significant correspondence with Sand. Sand published La Daniella in 1857, in which she blamed papal Rome, an obstacle to Italian unity. She thus shared the same political convictions and ruling as her Republican friend Victor Borie who said that "the law is atheist and society will become so".


In Nohant, Sand welcomed intellectual exiles from Poland, Chopin's sister and brother-in-law, and the renowned poet Adam Mickiewicz, for whom she went to Paris to attend his classes at the College de France. In 1835 she had an important meeting with the socialist Pierre Leroux, publisher, who spent a long time in Nohant. Sand published the first number of the Independent Review in 1841, with which she continued to collaborate despite the new management of the review. Convinced of the importance of the local press, they created some newspapers such as Le Travailleur de l'Indre and L'Éclaireur de l'Indre, whose first meeting of the editorial board was held in Nohant. Sand published various articles in L'Éclaireur, and four features in 1844, including "Politics and Socialism."


Ineligible and without the right to vote, Sand was yet a rising voice. Under the leadership of members of the government, she wrote circulars for the Bulletin de la République and the newspaper La Réforme, founded by the socialist Louis Blanc, a key figure of 1848 and whom Sand knew well. Should it be recalled here that politicians and the high administration of the time aligned themselves - in the majority - to the sound of the bugle of the anti-feminist and anti-socialism? They indeed effortlessly caricatured with virulence George Sand in the press as soon as she expressed herself.

Little did it matter to her. Sand published - alongside the Republican Victor Borie, editor-in-chief of L'Eclaireur de L’Indre - the first issue of the newspaper La Cause du Peuple, to which she was the principal literary and financial contributor. In 1848, they met in Nohant where Borrie sojourned. There, he published a text of conviction, Travailleurs et propriétaires, with an introduction by George Sand. Voltaire's manifesto-quote printed on the booklet, "The huge inequality of wealth is the consequence, not of property rights, but bad laws", confirms a unity of views on the political changes they were leading.


As a woman, Sand was not part of official committees, but she frequented and met the male political world of this era. Politics united the band of friends of Berry, even if the repression of the Second Empire descended on them, divided and condemned to exile and prison. It is life imprisonment for her friend Armand Barbès, who was so significant to Sand's political education. During the trials of 1835, Barbès ensured with the jurist Michel de Bourges - lover of Sand - the defence of the indicted republicans. They shared a common understanding on a certainty that the republic must be progressive and social in the sense that it must give a place to people with modest means, which sealed a faithful friendship attested by a remarkable correspondence during the years of imprisonment of Barbès in Belle-île.


Nohant was also a house of artists where private and intellectual life mingled. Together with her friend Pauline Viardot (a renowned singer) and accompanied by Chopin, they collected the songs of the peasants of Berry. Pauline only visited the property sometimes, but Chopin stayed there for several years to compose the majority of his ballads and sonatas for piano and cello. With Chopin in Nohant, Sand’s sentimental ideal came true: to live with a virtuoso and live on her author work. Nohant became adapted for music, the Erard piano already in place, all that remained was to soundproof a bedroom-apartment with padded doors so that Chopin can live, that is to say, compose. Sand, the perfect interlocutor (in Liszt's words) had music faculties and showed a keen understanding of Chopin's personality. In Histoire de ma vie, she evoked, certainly love, but also deep esteem, even admiration for this singular companion.

Visits from friends and dinners followed one another and - like every year - bookstores displayed Sand’s publications such as Un hiver à Majorque, three short stories in the collection Le foyer de l'Opéra and her great novel Consuelo, which retraces the life of an Italian singer who lost her voice in the 18th century Venice and the Europe of the arts.


With the theatrical productions that Chopin accompanied on the piano, the theatre also arrived at Nohant. Sand had had two small theatres built for entertaining and social performances for neighbours, friends, service and country people for whom Sand wanted to "write for them" and encouraged all audiences to take up writing. Sand and her contemporaries committed writers Eugène Sue and Victor Hugo supported the poetic writings of the workers-craftsmen. She prefaced Les Chants de l'Atelier from the Provencal builder Charles Poncy and published his poems in La Revue des deux Mondes. Prolific during her retreat at Nohant, Sand wrote nearly a hundred novels, fifty thousand letters, hundreds of plays and essays and - continuously from 1856-1876 - the writing of a four-volume autobiography: Histoire de ma vie.


Nohant continues to be a haven for generations. Sand led her way of life and commitments at the Nohant family estate alongside her children and granddaughters, who were very present in her daily life. Many passages in ‘Histoire de ma vie’ recount the daily life of a mother of two children. Like the chapter beginning so beautifully with "After the trip to Mallorca, I thought of arranging my life in such a way as to solve the difficult problem of making Maurice study". Sand tried to do the lessons at home as mentioned in the chapter: " I try teaching and I fail” (Part V, Chapter XIII) clearly illustrates how laborious education is for any caring parent.

With the arrival of Luigi Clamatta, who arrived from Rome to Paris to paint with Ingres, it was immediately a mutual understanding and a long friendship that developed. The famous engraver carried out several portraits of the ladies of Nohant: Aurore (George Sand) and Solange (her daughter). A family bond tied with Marcellina nicknamed Lina, daughter of Clamatta, free thinker and activist like her father of Italian independence - who seduced Sand with her wit and song and who settled at Nohant to start a family with Maurice, the eldest son of the house.


Sand was an author who could live on her work and occupy a place in the public space in a century where talent was not thought of as feminine. We will remember the image of George Sand who - when she went to Paris to defend her publications and to follow the trials and the debates in the parliamentary assemblies - went there "as a republican" (she said) and dressed "like a man". She wore her carefully knotted lavallière, cane, patent boots and top hat, going through the doors of editorial boards by being admitted as an author and not as a woman writer. For a very long time, Aurore Dupin had promised herself not to depend on men.




Auteure: Michelle Perrot, historienne, professeure émérite des universités (Paris VII, Diderot), Son travail universitaire porte notamment sur les mouvements ouvriers au XIXème siècle. Collaboration avec avec le juriste et ministre de la justice Robert Badinter sur les systèmes pénitentiaires, Les Ombres de l’histoire, (Flammarion, 2001). Contributions universitaires majeures à l’émergence de l’histoire des femmes. Codirection avec Georges Duby de l’Histoire des femmes en Occident (Plon, 1991-1992, 5 vol.). Les femmes ou les silences de l’histoire, (Flammarion, 2001). Histoires de chambres (Seuil, 2009). Publication de divers textes de George Sand Politique et Polémiques, Imprimerie nationale, 1996


Michelle Perrot is a historian and professor emeritus of the universities (Paris VII, Diderot). Her university work focus in particular on the labour movements in the 19th century. She collaborated with the lawyer and Minister of Justice Robert Badinter on penitentiary systems, Les Ombres de l'Histoire (Flammarion, 2001), and writes major academic contributions on the emergence of women's history. She also co-supervised with Georges Duby on l’Histoire des femmes en Occident (Plon, 1991-1992, 5 vols.). Les femmes ou les silences de l’histoire, (Flammarion, 2001). Histoires de chambres (Seuil, 2009). She published various texts by George Sand Politique et Polémiques, Imprimerie Nationale, 1996.




© Article par Dr. Béatrice Marie Malinowski. Traduction Mathilde Soubeyran et Solange Daufes


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