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Book recommendation: Le passeur by Stéphanie Coste

Stéphanie Coste, Le passeur, Gallimard, 2021


Parmi les nouveautés du moment, mon choix s’est porté sur un premier roman très singulier: Le passeur de Stéphanie Coste. Un roman dur à l’écriture âpre et sans concession pour décrire l’horreur. Ce récit ne peut laisser indifférent tant il est ancré dans l’actualité : le périlleux voyage des migrants entre la côte libyenne et Lampedusa.


Seyoum est un des passeurs les plus respectés de Zouara en Libye. Habité d’un cynisme sans nom, il ne cherche même plus à entretenir les illusions des familles fuyant la guerre, qui ont placé leurs espoirs entre ses griffes. Le bétail humain est acheminé par camion pour être déversé dans un de ses rafiots lancés au hasard des flots. Atteindront-ils l’Eldorado pour lequel ils ont tout quitté, engloutissant leurs économies? Seyoum n’en a cure. Il ignore, imperturbable, le sort de ses semblables épuisés, des nombreux enfants déshydratés, à l’agonie.


Quelles sont les motivations de ce monstre ? La cupidité bien sûr; pourtant la plupart du temps il vit misérablement au bord du rivage où sont dissimulés ses canaux de fortune, graissant la patte à des garde-côtes de plus en plus exigeants, malmenant ses comparses qui le craignent, éructant les pires menaces à l’encontre de ceux qui ont le malheur de croiser sa route, avant de s’effondrer, anéanti par le khat et le gin.


Mais d’habiles retours en arrière laissent entrevoir un Seyoum bien différent du bourreau qu’il est devenu, évoquant un adolescent passionné par la lecture et le journalisme, amoureux de Madiha qu’il fréquentait au temps d’une jeunesse heureuse et insouciante.


Peu à peu, Seyoum est rattrapé par son passé, les deux facettes du personnage se rencontrent, mêlées au destin tragique des migrants.


Une histoire bouleversante qui interroge le mal à l’origine des répétitions de l’histoire.


Stéphanie Coste a vécu en Afrique pendant son enfance. Elle est aujourd’hui établie au Portugal.




Among the novelties of the moment, my choice fell on a unique first novel: Le passeur by Stéphanie Coste. A strong story with hard writing and no concessions to describe the horror. This story cannot leave indifferent as rooted in actuality: the perilous journey of migrants between the Libyan coast and Lampedusa.


Seyoum is one of Zouara's most respected people-smugglers in Libya. Full of cynicism, he no longer even seeks to entertain the illusions of families fleeing war, who have placed their hopes in his clutches. Human cattle are transported by truck and dumped in one of his barque thrown at random in the water. Will they reach the Eldorado for which they left everything, consuming all their savings? Seyoum does not care. Unperturbed, he ignores the plight of his exhausted peers, many dehydrated dying children.


What are the motives of this monster? Of course, greed. Yet, most of the time, he lives miserably at the edge of the shore where: he hides his makeshift canals, bribes the increasingly demanding coast guards, abuses his associates who fear him, belches the worst threats against those who have the misfortune to cross his path, before collapsing, overwhelmed by khat and gin.


But clever flashbacks suggest a Seyoum very different from the executioner he has become, evoking a teenager passionate about reading and journalism, in love with Madiha, whom he frequented in his happy and carefree youth days.


Little by little, the past catch up with Seyoum, the two facets of the character meet, mingled with the tragic fate of the migrants.


It is a moving story that questions the evil at the origin of the repetitions of history.


Stéphanie Coste lived in Africa during her childhood. She now lives in Portugal.



© Article par Catherine Guiat. Traduction Solange Daufès

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