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BD: L’hiver en été, de Jean-Pierre Gibrat, Editions Daniel Maghen, 2019


Parmi les dernières acquisitions de la bibliothèque de l’Institut français d’Ecosse, voici un album qui s’adresse aux inconditionnels de Jean-Pierre Gibrat : L’hiver en été, une rétrospective de son œuvre, avec une interview de l’auteur par Rebecca Manzoni.


Gibrat revient sur ses débuts dans la BD, peu convaincants à son avis, ponctués de travaux de commande pour la presse, pas toujours satisfaisants. Ayant atteint la quarantaine il se lance en solo afin de suivre ses propres sources d’inspiration : ce sera les débuts du Sursis qui lui assure la reconnaissance d’un large public. Au passage, il rend hommage à André Juillard, illustrateur de la célèbre série des 7 vies de l’épervier, série à laquelle il doit beaucoup de sa réflexion : « Il (A. Juillard) arrivait à quelque chose de très personnel, de magnifiquement poétique et, pour moi, de magnifiquement dessiné » et ce, au service de l’histoire. Le principe même de la conception du Sursis : très personnel dans le choix du lieu, l’Aveyron de son enfance. Le choix de la période aussi, l’Occupation, où les personnalités se révèlent dans leur noirceur ou au contraire leur générosité et abnégation.


Avec Le Sursis, Gibrat s’interroge sur le dessin : comment réaliser l’équilibre entre le trait et le volume donné par les aplats de couleurs, quelle place donner à la lumière? Autant de concepts qu’il a modelés pour aboutir à ces magnifiques planches dont l’album abonde. Plus loin, il ajoute : « mon ambition est de capter, en dessin, les sensations que me procurent les choses ». Il s’agit d’élaborer une histoire, transmettre une perception et non pas de rester fidèle à la réalité.


Enfin, l’auteur s’attarde sur la conception des personnages et en particulier des personnages féminins qui clairement dominent son œuvre. On pense à Cécile, bien sûr, la jeune serveuse du Sursis que, Julien, recherché par la Gestapo, observe de sa cachette. Là encore, la qualité du dessin ne se limite pas à rendre la beauté plastique, mais un portrait de femme qui ne laisse pas indifférent : « J’avais l’occasion de rendre le lecteur amoureux de Cécile. Je ne m’en suis pas privé ».


Voici donc un éclairage passionnant sur l’œuvre de Gibrat et une réflexion sur le 9ème art en général. On retiendra aussi la grande liberté de parole de l’auteur s’exprimant sur ses contemporains ou les œuvres (picturales, littéraires) auxquels il doit le plus.


A noter que les principales BD de Gibrat sont disponibles à la bibliothèque de l’institut français d’Ecosse : Le Sursis, Le vol du corbeau et la série des Mattéo.





One can find a comic album addressed to unconditional fans of Jean-Pierre Gibrat among the latest acquisitions from the library of the French Institute in Scotland: ‘L’hiver en été’ - a retrospective of his work with an interview by Rebecca Manzoni with the author.


Gibrat looks back on his first steps in comics - which in his opinion were unconvincing - punctuated by commission work for the press, not always satisfactory. Having reached his 40s, he began to work on his own to follow his sources of inspiration. It was the beginnings of ‘Sursis’ that got him the recognition of a large audience. In between, he paid homage to André Juillard, illustrator of the famous series of the ‘7 vies de l’épervier’, series to which he owes a lot of his thinking: "He (A. Juillard) was creating something very personal, beautifully poetic and, for me, magnificently drawn”. It was the very principle behind the design of ‘Sursis’. Something very personal: the choice of the location, the Aveyron of his childhood; of the period, the Occupation, where the personalities reveal themselves in their darkness or on the contrary their generosity and abnegation.


With ‘Sursis’, Gibrat wonders about the drawing style: how to achieve a balance between the line and the volume through the use of flat areas of colours, what place should light have? So many concepts that he modelled to end up with these magnificent drawings with which the album abounds. Further on, he adds: "my ambition is to capture, in drawing, the sensations that things give me". It is about building a story, conveying a perception and not staying true to reality.


Finally, the author dwells on the character design and, more particularly, the female characters who dominate his work - for example, Cécile, the young waitress of ‘Sursis’, whom Julien, wanted by the Gestapo, observes from his hiding place. The quality of the drawing is again not limited to rendering the beauty plastic, but a portrait of a woman who does not leave you indifferent: "I had the opportunity to make the reader fall in love with Cécile. I did not deprive myself of it".


Here then is a fascinating comic album on Gibrat's work and a reflection on the 9th art in general. The reader can also note how the author freely talks about his contemporaries or the oeuvres (pictorial, literary) to which he owes the most.



Note that Gibrat's main comics are available at the library of the French Institute of Scotland: 'Le Sursis', 'Le vol du corbeau' and the 'Mattéo' series



© Article par Catherine Guiat, traduction Solange Daufès

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